Comment adopter des outils responsables à l’ère de la RSE ?

La RSE, on en entend parler partout. Mais entre les discours inspirants et la réalité du terrain, je me suis posé pas mal de questions : concrètement, qu’est-ce que ça veut dire pour les entreprises ? Et surtout moi, quand j’accompagne mes clients dans leur stratégie marketing, dans l’implémentation de leur CRM ou le déploiement de leurs offres, quel est mon rôle là-dedans ?

J’ai décidé de poser toutes mes questions à Lynda, Consultante en stratégie RSE. Au-delà de ses connaissances solides en RSE, ce qui m’a marquée chez elle, c’est sa pédagogie, sa façon de rendre ces sujets accessibles. Je vous laisse découvrir cette interview, qui, je l’espère, vous aidera autant qu’elle m’a aidée à mieux comprendre les liens entre marketing, outils, pratiques et engagement.

Bonne lecture

Question 1 : 

Alors Lynda, pour commencer : on parle beaucoup de RSE aujourd’hui… mais concrètement, qu’est-ce que ça veut dire pour une entreprise ? Et surtout, en quoi une équipe marketing, qui est souvent en première ligne dans la communication, peut vraiment contribuer à cette démarche ?

Réponse :

La RSE, ou Responsabilité Sociétale des Entreprises, c’est l’idée que l’entreprise ne se contente pas de poursuivre des objectifs économiques, mais prend aussi en compte son impact sur la société, sur l’environnement, et sur ses parties prenantes. C’est une démarche volontaire, qui vise à intégrer ces préoccupations dans toutes les décisions et dans tous les métiers, y compris le marketing.

Une équipe marketing a donc un vrai rôle à jouer. Elle est en lien direct avec le public, elle est responsable du message que l’entreprise véhicule. Concrètement, elle peut faire vivre les engagements RSE en les rendant visibles et compréhensibles, en mettant en avant les actions concrètes de l’entreprise, et surtout en évitant les pièges du greenwashing. L’authenticité est essentielle. C’est ça qui permet à l’utilisateur de faire confiance à la marque.

Ce qui fait la différence par rapport à un concurrent, c’est justement cette cohérence entre le fond et la forme. Une entreprise qui communique sur ses engagements tout en les incarnant réellement dans sa stratégie, ça se voit, et ça crée une vraie valeur ajoutée. Le marketing devient alors un levier d’impact, pas seulement un outil de vente.

Et pour le client, c’est rassurant. Il sent que l’entreprise est transparente, qu’elle assume ses responsabilités. Il peut aussi se reconnaître dans ses valeurs. On ne parle plus seulement de consommer, mais de consommer en conscience, avec du sens.

Question 2 : 

Dans ce que j’observe, les priorités côté marketing tournent souvent autour de la performance, de l’automatisation, de l’expérience client… Et c’est plutôt les équipes IT qui vont mettre l’accent sur la gestion des données, la conformité. Mais il y a un angle mort qu’on oublie encore beaucoup : l’impact environnemental du numérique. Pourtant, quand on parle de RSE, ça devrait clairement entrer dans l’équation. 

Quels sont les critères à prendre en compte quand on veut choisir un outil marketing de façon plus responsable ?

Réponse :

D’abord, il y a la question de la conformité aux réglementations, comme le RGPD en Europe ou le CCPA en Californie. Un outil responsable doit permettre une vraie gestion des consentements, c’est-à-dire donner la possibilité aux utilisateurs de refuser le suivi, de modifier leurs préférences, et surtout de comprendre ce qui est collecté. Ça, c’est un minimum aujourd’hui.

Ensuite, il y a le sujet de la localisation des serveurs. Choisir une solution qui stocke les données en Europe, c’est une manière de renforcer la confiance avec ses utilisateurs et de s’assurer d’un meilleur cadre juridique. Ainsi que l’ enjeu de gestion de la confidentialité, au-delà de la seule question du droit. Certaines solutions permettent un contrôle plus fin sur ce qui est collecté, comment c’est utilisé, et par qui. C’est une vraie différence en termes de respect de l’utilisateur.

Mais, un point qu’on oublie souvent et qui est plus qu’important : l’impact environnemental du numérique. Derrière ces outils, il y a des infrastructures, des datacenters, qui consomment énormément d’énergie. Toutes les solutions n’ont pas la même empreinte carbone. Certaines sont alimentées par des énergies renouvelables, d’autres non. Certaines optimisent leurs infrastructures pour limiter la consommation, d’autres pas du tout. Là encore, c’est un critère à prendre en compte quand on veut s’inscrire dans une démarche responsable.

Question 3 : 

Récemment, un CMO que j’accompagne m’a posé une question simple : comment automatiser ses campagnes emails tout en limitant leur impact ? Et c’est vrai que l’emailing, on le voit souvent comme un levier efficace et peu coûteux… mais on oublie complètement l’impact environnemental qu’il peut avoir, surtout à grande échelle. 

Si je veux lui partager de bonnes pratiques, que ce soit sur le choix de la plateforme, la fréquence ou même les formats, qu’est-ce que tu me conseillerais de lui transmettre pour qu’il reste performant mais sans sacrifier sa conscience écologique ?

Réponse :

L’emailing reste un levier marketing très utilisé, mais il a aussi un impact environnemental et numérique qu’on sous-estime souvent.

Déjà, sur le plan environnemental, chaque email envoyé surtout avec pièces jointes lourdes, images en haute définition ou destinataires en copie inutile a un coût carbone. Ce n’est pas négligeable quand on parle de campagnes envoyées à des milliers de contacts. L’idée, c’est donc de privilégier la sobriété numérique : alléger les visuels, éviter les pièces jointes quand ce n’est pas indispensable, et limiter le nombre de destinataires aux personnes réellement concernées.

Pour le partage de contenus lourds, plutôt que de passer par des plateformes comme WeTransfer (souvent basées hors UE), on peut recommander des alternatives françaises ou européennes, plus respectueuses des données et souvent mieux optimisées d’un point de vue énergétique.

Et au-delà des outils, il y a un vrai travail de sensibilisation en interne. On peut proposer des formations sur l’impact du numérique, comme la Fresque du Numérique, ou des ateliers pratiques pour repenser ses usages. Ça aide à créer une culture commune autour de la sobriété numérique, ce qui est indispensable si on veut que ça dure.

Question 4 : 

Aujourd’hui, on utilise encore beaucoup d’outils de tracking comme Google Analytics, qui reposent sur une collecte massive de données. Et dans les projets que je mène, je vois bien que la question du respect de la vie privée n’est pas toujours anticipée ou alors juste sous l’angle du RGPD. 

Mais quand on veut aller plus loin, adopter une démarche plus responsable dans la façon dont on collecte et utilise les données, qu’est-ce qu’on peut mettre en place concrètement ? Quels outils, quelles pratiques, quelles postures adopter pour allier efficacité et respect de l’utilisateur ?

Réponse :

Assurer une collecte responsable des données, aujourd’hui, c’est autant une question de conformité qu’un enjeu éthique. C’est un marqueur fort de la maturité RSE d’une entreprise.

D’un point de vue réglementaire, il y a des cadres clairs comme le RGPD en Europe ou le CCPA en Californie. Ces textes imposent, entre autres, le respect du consentement explicite des utilisateurs. 

Concrètement, ça commence par une politique de gestion des cookies bien pensée : claire, accessible, sans piège. L’utilisateur doit pouvoir refuser le suivi facilement, et ce refus doit être respecté dans les faits, pas contourné.

Ensuite, on peut faire le choix d’outils qui proposent des alternatives aux cookies tiers, ou qui fonctionnent avec un minimum de collecte de données. Il existe aujourd’hui des solutions plus respectueuses, souvent européennes, qui limitent la portée des trackers tout en fournissant des indicateurs utiles pour piloter ses actions.

C’est aussi une question de posture. Une entreprise peut décider de collecter moins, mais mieux. C’est un changement de culture : on ne cherche plus à tout capter en masse, mais à comprendre l’essentiel tout en respectant la vie privée de chacun.

Question 5 : 

Aujourd’hui, on utilise encore beaucoup d’outils de tracking comme Google Analytics, qui reposent sur une collecte massive de données. Et dans les projets que je mène, je vois bien que la question du respect de la vie privée n’est pas toujours anticipée ou alors juste sous l’angle du RGPD. 

Mais quand on veut aller plus loin, adopter une démarche plus responsable dans la façon dont on collecte et utilise les données, qu’est-ce qu’on peut mettre en place concrètement ? Quels outils, quelles pratiques, quelles postures adopter pour allier efficacité et respect de l’utilisateur ?

Réponse :

C’est vrai que les rapports RSE peuvent parfois être techniques, voire un peu opaques, surtout quand on n’est pas expert du sujet. Pourtant, il existe des indices très concrets pour se faire une première idée fiable de l’engagement d’un éditeur, sans avoir à tout décortiquer.

Le premier réflexe, c’est de vérifier les certifications. Certaines sont reconnues internationalement pour attester d’un engagement structuré : par exemple, le label B Corp, la certification ISO 14001 (pour l’environnement), ISO 27001 (pour la sécurité des données) ou encore des démarches de type Green IT. Si un éditeur les met en avant de manière transparente, c’est souvent bon signe.

Ensuite, on peut regarder si l’entreprise publie un rapport RSE, même synthétique, ou à défaut une charte d’engagement.  Est-ce qu’on y trouve des objectifs concrets ? Des résultats mesurables ? Des axes d’amélioration identifiés ? Ou est-ce qu’on reste dans des déclarations vagues ? C’est un bon indicateur du sérieux de la démarche.

Il faut aussi s’intéresser à la structure de gouvernance. Une entreprise qui prend la RSE au sérieux a souvent désigné une personne ou une équipe dédiée à ces sujets, avec des relais au sein de la direction. 

Question 6 : 

Aujourd’hui, beaucoup de start-up cherchent à se positionner comme des marques responsables. Elles communiquent sur leur impact environnemental, leur éthique… mais très peu intègrent la question de l’accessibilité dans leurs outils ou plateformes. Comment une entreprise peut-elle intégrer concrètement cette dimension pour rendre ses outils plus accessibles, plus inclusifs et en faire une vraie force différenciante ?

Réponse :

Oui on oublie souvent que la responsabilité numérique, ce n’est pas seulement une question d’empreinte carbone ou de protection des données : c’est aussi une question d’inclusion. Et pour une startup qui veut se positionner comme une marque responsable, c’est un axe différenciant fort. 

Concrètement, ça veut dire concevoir des outils ou des plateformes utilisables par tous, y compris par des personnes en situation de handicap, qu’il s’agisse de déficiences visuelles, auditives, motrices ou cognitives. Il existe des référentiels clairs pour ça, comme les normes WCAG (Web Content Accessibility Guidelines), qui permettent d’intégrer de bonnes pratiques dès la phase de conception.

Mais au-delà des normes, c’est une posture inclusive à adopter. Par exemple, penser à la lisibilité des contenus, à la navigation au clavier, aux contrastes de couleurs, aux descriptions d’images… Ce sont des détails techniques, oui, mais ils ont un vrai impact sur l’expérience utilisateur.

Question 7 : 

Tu viens de nous partager de nombreux éléments, qui nous permettent de bien comprendre en quoi la RSE est un levier stratégique, humain, et même différenciant. Et pourtant, dans la réalité, on voit bien que toutes les entreprises ne s’engagent pas, ou restent à distance. Qu’est-ce qui coince, selon toi ? Quels sont les vrais freins à l’engagement RSE aujourd’hui ? Et comment on peut les dépasser ?

Réponse :

C’est une vraie question, et elle revient souvent. Tout le monde s’accorde sur le fait que la RSE est essentielle, et pourtant, dans les faits, beaucoup d’entreprises restent à distance. Il y a plusieurs raisons à ça, et souvent, elles ne sont pas techniques, mais culturelles.

Le frein principal, c’est souvent la perception du coût. Beaucoup d’entreprises, notamment les plus petites, s’imaginent que s’engager dans une démarche RSE, c’est forcément cher, chronophage, et réservé aux grandes structures. Mais c’est une vision qui évolue. Parce qu’en réalité, la RSE, ce n’est pas un coût, c’est un investissement stratégique. 

Il y a aussi un autre frein : le manque de clarté. Beaucoup d’entreprises ne savent pas par où commencer. Elles voient la RSE comme un ensemble de normes, de labels, de reporting complexes… et ça peut décourager. D’où l’importance d’accompagner les entreprises de manière très concrète, en leur montrant qu’il n’est pas nécessaire d’être parfait dès le départ. Ce qui compte, c’est la sincérité de la démarche et la progression.

Et puis, parfois, il y a simplement une culture d’entreprise qui n’a pas encore intégré ces sujets comme des priorités stratégiques. Mais les choses bougent vite, sous la pression des clients, des jeunes générations, et aussi de la réglementation. La bonne nouvelle, c’est qu’on sent une vraie dynamique, et un vrai avancement aux sujets de la RSE et que de plus en plus d’entreprises comprennent que la RSE est essentielle. 

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